mercredi 23 avril 2008

Dimanche

Alors que nous marchons dans les rues déjà chaudes pour aller prendre un petit-déjeuner à l'anglaise dans un café plutôt chic, un jeune homme nous aborde et nous propose de faire office de figurants dans une production locale. Nous acceptons : nous avons rendez-vous à 19h30 ; le tournage durera jusqu'au petit matin, en contrepartie nous serons nourris et payés. Un deuxième larron nous fait une proposition similaire quelques rues plus loin.

Nous marchons longuement vers des quartiers un peu moins riches. Les rues se rétrécissent, le pavé disparaît, les gens parlent moins bien anglais. Comme il fait une chaleur torride, nous cherchons une ombre bien maigre, affolante verticalité du soleil oblige. Devant une petite maison se font entendre des chants, une lourde fumée imprègne le cadavre d'une vieille femme dans son linceul. Les gens n'ont pas l'air tristes. Dans une rue, vision incroyable : devant de petites pièces vétustes donnant sur le trottoir, des femmes maquillées à outrance mais toujours en sari font le tapin.

Nous progressons un peu perdus dans l'immensité de la ville, et nous nous résignons finalement à aller en taxi au temple qui était notre objectif. Il est très agréable, et encore en construction, en témoigne le cliquetis des tailleurs de pierre qui ornent les piliers marmoréens de fresques délicates. Il y a un charme déroutant à ce lieu de culte sur les terrasses de la ville.

Je souffre vraiment de la chaleur et suis pris d'une légère insolation quand nous traversons le quartier parsi, caste richissime de culte zoroastrien, installée en masse sur les hauteurs d'une péninsule. Je profite de l'air climatisé d'un Mc Donald's pour me rafraîchir.

Vient le grand moment du tournage. Notre rabatteur est fidèle au rendez-vous, ce n'est pas le cas du néo-zélandais qui devait nous accompagner. Las, il trouve rapidement un Français qui accepte de participer à l'aventure. Nous lions connaissance dans le taxi, il est précepteur pour un ingénieur français dans une ville du nord du pays.

Le tournage se fait dans une usine désaffectée reconvertie en studios. Il s'agit d'une scène de danse, nous allons servir de potiches d'avant-plan, attablés dans ce qui doit évoquer un bar. Des danseuses ukrainiennes plus ou moins charmantes forment une partie de la troupe, elles sont accompagnées de danseurs indiens et de la star, une Indienne hautaine (ça doit faire partie de son contrat).

Le tournage prend, comme annoncé, très longtemps. Pour produire dix secondes de films, il faut de nombreuses répétitions, arrangements, et plusieurs prises. Vers minuit, nous dînons de riz et légumes, comme toujours dès qu'un repas est bon marché. Même au plus froid de la nuit, il fait chaud, la chaleur des projecteurs n'arrangeant rien.

Le contraste entre scène et backstage est amusant : sitôt sorties de leur rôle, les danseuses ont le regard moins enjoué et se précipitent sur une cigarette, pour tenir le coup sans doute. Nous rencontrons un figurant russe, en voyage depuis trois ans, qui vit de figurations en ce moment. Notre compatriote s'est enfui, malade, du tournage qui s'achève au jour levant par une scène sous la pluie, ce qui ne manque pas de faire grimacer les danseuses.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Après "marchons" j'ai plus trop suivi. Résumons : elle était bonne ou pas ?!