mercredi 2 avril 2008

Y a-t-il un dieu hindou du tonnerre ?

Sur le chemin de Pondichéry, nous faisons halte à Chidambaram. Nous y visitons, pour changer, un temple. C'est à seize heures que nous y posons le pied, celui-ci subit donc le même sort que l'avant-veille. Notre démarche sautillante doit paraître bizarre aux quelques fidèles qui viennent prier Shiva.

Je ne sais si c'est son aspect rude et vieilli, la lumière brute qui l'écrase sous une étouffante chaleur, ou la relative désertion des croyants qui confère au temple cette atmosphère mélancolique et romantique. Il paraît un témoin d'un âge d'or depuis longtemps révolu ; un peu trop grand, un peu trop majestueux, un peu défraîchi aussi, il n'est dans cette torride après-midi qu'un vestige presque incongru. Mais le soir sûrement la foule l'envahira, et renaîtront les temps passés, et nulle trace de la supposée décadence ne subsistera.

Mais nous devons bien vite quitter les siècles passés pour revenir aux trépidations du bus, de crainte de trouver porte close à Pondichéry quand il sera temps de se loger pour la nuit. Nous descendons à l'hôtel Continental, comme deux semaines auparavant, cette fois-ci sans air conditionné. Grand bien nous en prend : plus tard dans la nuit, alors que nous buvons un verre à la terrasse d'un bar, un terrible orage éclate. Pendant plus d'une heure, les éclairs déchirent le ciel, parfois très près de nous ; la maigre toiture de feuilles de palme tressées laisse filtrer quelques gouttes du déluge. Et soudain, une coupure de courant générale se déclare.

Ainsi, jusqu'à quatre heures du matin, nous ne pouvons faire fonctionner le ventilateur. Je suffoque dans la chaude moiteur océanique, et de deux maux choisis le moindre : j'ouvre porte et fenêtres au risque de me faire dévorer par les impitoyables anophèles. Cela ne suffit pas, et plusieurs je sors prendre l'air, me rafraîchir un peu sous la pluie maintenant légère qu'accompagne une brise bienvenue.

Le lendemain, pas un stigmate de ce que la veille on aurait cru un cataclysme ne dépare la ville ; rien dans cette quiétude retrouvée ne laisse imaginer l'extrême violence de l'orage sinon l'épaisse brume de chaleur qui mange l'horizon et y confond mer et ciel en un gris clair plus lumineux que l'azur.

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